La guérisseuse, la chamane, la sorcière, plurielle et singulière. Femmes contemporaines, magiciennes et enchanteresses, elles sortent du bois au cœur de la crise sociale et écologique que nous traversons. Car oui, il est urgent de guérir et de chérir, soi-même, les autres et la planète. Parce que j’admire les femmes, parque que je vois leur puissance révolutionnaire d’action, parce que pour moi les femmes sont les gardiennes de la Terre, les semencières d’un monde où le vivant serait au cœur de nos vies, j’ai voulu vous présenter avec cette nouvelle rubrique, des guérisseuses rencontrées sur mon chemin de quête.
Maeva: Jessy, tu es journaliste bien-être de formation mais j’ai surtout envie de te présenter comme une chercheuse holistique tant les domaines que tu explores sont nombreux et en même temps complémentaires (chamanisme, druidisme, herboristerie, Âyurveda), peux-tu nous parler de ton cheminement intérieur de ces 10 dernières années ?
Jessy: Le fait que tu remontes à 10 ans me touche particulièrement, car c’est là que ma vie à pris un tout autre chemin…Il y a 10 ans j’ai perdu mon grand-père, que je considérait comme mon père car il m’a élevé. Nous étions très proches. C’était la personne la plus en communion avec la nature que je connaissait. Quand j’étais petite fille, il m’emmenait avec lui faire de longues balades en forêt. Il m’a appris la patience, l’amour de la contemplation… Breton, son lien puissant avec la Terre Mère s’expliquait aussi par son grand-père, mon arrière grand-père, qui était Druide.
J’avais déjà entamé depuis quelques années un chemin de développement personnel avec un travail de psychanalyse, mais j’avais décidé de partir à l’aventure, à la découverte de moi même et des autres. J’ai donc fait mes premiers pas sur la longue route de « l’apprentissage sacré », en quête de ma boussole intérieure et de ma mission de vie.
Parmi ces explorations depuis 10 ans, j’ai fait de multiples stages et formations de coaching, de nutrition, dont une chez Pierre Rabhi en Ardèche, de retraites spirituelles, de groupes de parole, de cercles de femmes, de danse thérapie, de chant médecine, de naturopathie, d’aromathérapie et d’herboristerie… Je suis la formation de Nathalie Geetha Babouraj (doclaluna) sur le féminin sacré, la médecine intégrative et les cycles lunaires. En mai prochain, je pars pour la Belgique, pour une formation en naturopathie cuisine vivante, puis pour ma bien aimée Bretagne, pour un stage en herboristerie et Tatakizome. Je fais des articles sur ces formations quand j’en reviens, avec sincérité et transparence, car il faut absolument partager ce genre d’expériences !.
Mais celle qui à profondément tout changé, qui à transcendé mon rapport au monde, est sans conteste mon voyage initiatique au Pérou, au cœur de la jungle Amazonienne, il y a plusieurs années.
Après ce voyage au cœur de la médecine ancestrale Indienne et de vous même, plus rien n’est pareil… Entre les purges de plantes maitresses en bord de rivière, les cessions nocturnes d’ayahuasca et les diètes en foret, le voyage intérieur n’est pas une promenade paisible : visiter ses profondeurs, ses parts d’ombre et aussi celle de ses ancêtres. Le transgénérationnel occupe une place prépondérante.
C’est lors de ces initiations chamaniques que j’ai reçu l’appel de la vocation. La Madre, c’est comme cela que les chamans appellent l’Ayahuasca, m’a dit « ta mission sera d’éclairer le chemin des autres ». Le lendemain matin, pendant l’échange avec le chaman, ce dernier m’annonce que j’avais reçu le fameux appel de la vocation. Ce que les chamans nomment « vocation » concerne le champ thérapeutique, un rôle de guérisseur, mais qui peut se traduire de mille et une façons…
Maeva : Pour beaucoup de personne, le chamanisme est encore une notion abstraite ou ésotérique, comment expliquais-tu ce qu’est le chamanisme et en quoi il est une voie de sagesse pour notre époque ?
Jessy: Le chaman est un médecin, un moine, un herboriste, le médecin de l’âme, qui agit aussi sur le physique bien sur. Le chaman, ou guérisseur est celui qui détient le savoir et la sagesse de nos anciens, celui parle à l’oreille des plantes, celui qui fait preuve d’humilité et s’efface pour se faire messager et transmetteur. C’est aussi celui qui à su rester en lien profond avec la Nature, et qui à tissé une relation juste et d’égal à égal avec elle. J’ai l’impression que nous avons tous envie et besoin de renouer ce lien sacré. Dans les retraites initiatiques et les cercles, les chamans sont les anges gardiens, les guides qui font le lien entre le monde terrestre et le monde subtil. Leurs chants et musiques sont le fil d’Ariane qui vous permettent de flotter et naviguer entre ces deux portes et de pouvoir trouver le chemin du retour. Il nous aide ensuite à intellectualiser les messages reçus et à les intégrer dans la matière. (attention, il faut bien vous renseigner et choisir un endroit connu et qui dispose de cadres sérieux).
Maeva: Tu es la créatrice de Slow Way Magazine, qu’aspires-tu à transmettre via ce média ?
Jessy: Un de mes mantras est « L’amour est une des rares choses qui se multiplie lorsqu’on le parage ». J’ai écris pendant des années pour diverses magazines mais j’ai eu envie d’autre chose, d’un « conceptzine ». Un média holistique, ou la nature, le bien-être, la beauté et la poésie vivraient en harmonie. Des articles bienveillants, des textes positifs mais pas moralisateurs, de jolies photos et surtout du partage ! Pouvoir mettre en lumière des personnes que j’admire pour leur œuvre et ce qu’ils offrent au monde, des lieux qui vibrent, des activités thérapeutiques…
Maeva: Qu’évoque pour toi l’archétype de la guérisseuse? Comment l’incarnes-tu au quotidien?
Jessy: Cela m’évoque la Femme Médecine, la gardienne du savoir et des sagesses ancestrales, la Sage humble et bienveillante. Je pense que nous avons toutes les capacités de développer notre « femme médecine intérieure » pour l’offrir au monde et à soi. La mère qui reconnaît les différents types de pleurs de son enfant et lui apporte les soins réclamés n’est elle pas une guérisseuse ? Mais pour celle qui veut endosser réellement le rôle de cet archétype, un travail et engagement constant va lui être demandé.
Je partage profondément l’approche de Jung de l’archétype du guérisseur blessé, notamment dans son ouvrage La guérison psychologique. Il considérait que le guérisseur se devait de reconnaître ses propres blessures et de les guérir pour pouvoir soigner les autres. C’est ce que je veux dire lorsque je parle « d’échange » avec la personne que l’on accompagne. Nous portons tous en nous des blessures et avons tous besoin de cicatriser. Jung soulignait l’importance de se faire superviser pour incarner cette vocation de façon juste et équilibrée.
Maeva: Comment te connectes-tu quotidiennement à la Terre-Mère ?
Jessy: Je suis un peu sauvageonne, mon chéri m’appelle Mowglie… je suis tout le temps pieds nus, j’ai besoin de sentir le sol. Je mange très souvent avec les doigts, encore plus depuis mon retour d’Inde. Ma déco intérieure n’est quasiment composée que de bois, de matières naturelles et objets de ferme anciens. Et les fleurs et plantes sont toujours présentes dans toutes les pièces de la maison (fraiches, séchées, sous toutes leurs formes).
Et surtout je ne peux pas passer une journée sans toucher un arbre et poser ma main par terre, car comme le partage Satish Kumar dans son ouvrage Pour une écologie spirituelle, la vie se perpétue en donnant en en recevant. La nature ne connaît ni l’accumulation ni la possession, tout passe constamment d’un être à l’autre, tout est mouvement. C’est à cette réciprocité et à cette générosité que Bouddha voulait rendre hommage en touchant le sol pour le prendre à témoin. C’est ma façon d’être en gratitude et de rendre l’énergie qu’elle m’a donné à notre Terre Mère.
Maeva: Quels sont tes rituels (quotidiens, ponctuels .. qui rythme de ton quotidien, viennent y apporter du sacré ..) qui te permettent de revenir à toi, de nourrir ton inspiration ?
Jessy: Mon époux est très pudique et ne souhaite pas que je parle de lui ici, mais il m’a beaucoup apporté depuis qu’il est entré dans ma vie. Grâce à lui, je me suis rencontrée, je me suis reconnectée à moi même. Je suis très admirative de son parcours et de son humilité. Nous partageons beaucoup de nos rituels. Les prières, les méditations, les cérémonies, les diètes et jeunes. Nous aimons aussi beaucoup partager nos rêves le matin et les analyser…
En ce qui concerne le sacré, je pense que c’est nous qui décidons et qui avons le pouvoir d’en mettre dans tout ce que nous faisons, même la vaisselle ! D’ailleurs, de nombreux saints et sages prônaient la présence du sacré dans les tâches quotidiennes. Tout ce qui m’entoure nourri mon inspiration, la Nature en tête de liste bien sur mais aussi une promenade, un livre, une discussion entre amis ou en famille…mais ce qui me permet de revenir à moi, c’est un moment de solitude, durant lequel je peut dessiner, écrire, prendre des photos, penser à tout un tas de chose ou au contraire couper le mental et faire le vide.
Maeva: Si tu fermais les yeux, derrière tes paupières closes, quelle vision du monde apparaît ?
Jessy: Un monde où l’humain aurait une grande humilité et un grand respect envers à la Nature, où chacun aurait sa place et où nous vivrions en harmonie et synergie. Un monde où nous mettrions du sacré et du beau dans tout, où nos énergies seraient reliées les unes aux autres et à celle du royaume qui nous a été confié, comme dans la Prophétie des Andes. Une planète verte, sans béton ni usines déversant des produits chimiques dans nos eaux sacrées. Des fleurs, des arbres, des rivières et des animaux partout, vivants en bonne intelligence et interdépendance avec l’homme.
Je vois aussi pour nos enfants une école du cœur et de l’âme, une école comme celle qu‘à crée le poète Indien Rabindranath Tagore, « Voix universelle », qui en parallèle de la transmission des connaissances aux enfants, les éveillait aussi à leur capacité de se mettre en lien avec un contact harmonieux avec la nature, ainsi que le sens réel et sacré de la vie. Il faisait cours sous un arbre et disait aux enfants « Vous avez deux professeurs, l’arbre et moi, écoutez-le bien, il vos apprendra à être au monde »…
Je vois un monde résilient où l’humanité retrouve son chemin.
Les actualités de Jessy
Vous pouvez retrouver mes articles sur le magazine en ligne www.slowwaymagazine et sur Instagram
Mille merci Maeva pour l’honneur de cette interview, qui fut très agissante. Pleins de belles énergies à toutes, prenez-soin de vous.
Merci Maeva pour cette belle découverte. Tes interviews sont toujours très inspirantes et me remplissent l’esprit de belles choses.